Pour (enfin) tout savoir sur le savon
Le principe du cosmétique solide
Le cosmétique solide est un cosmétique compact qui permet la réduction drastique du contenant (il n’y en pas) et de l’emballage (souvent en carton ou en papier). Il permet donc de se passer de plastique. Il est également très concentré puisque non dilué dans de l’eau, comme il est souvent le cas dans le cadre des nettoyants à destination du corps, du visage et des cheveux. C’est sur cette base que l’argument économique rentre en jeu. En effet, un savon s’use moins rapidement qu’un gel douche car sa forme solide permet de mieux doser son utilisation (à condition de bien le conserver).
Toutes les gammes de cosmétique existent aujourd’hui dans ce format solide, du démaquillant au shampoing en passant par la star de la catégorie et celui qui nous intéresse aujourd’hui, le savon.
Le savon, toute une histoire
Le savon est la star de cette décennie, avec un retour en force grâce notamment aux artisan.e.s qui ont réintroduit la notion d’une savonnerie écologique, avec le retour de la saponification à froid et l’utilisation d’ingrédients d’origine biologique.
Les premiers savons du monde ont été crées à partir de graisses végétales ou animales et de cendres. Car oui, pour nettoyer, il faut du gras ! C’est pour cela que le démaquillage à l’huile fonctionne si bien. Pour retirer un corps gras, il faut un autre corps gras. On comprend également l’intérêt croissant pour la lessive à la cendre. Mais revenons à nos savons. On mélange huiles et graisses avec une lessive, généralement de soude, et on obtient un savon par procédé de saponification des ingrédients.
On a souvent accusé le savon de dessécher la peau ces quarante dernières années, jusqu’à avoir des « savons sans savon ». A tort ? Pas forcément, car ces affirmations se basent sur l'utilisation de savons industriels ou conventionnels, comprenant des sulfates qui sont des tensio-actifs irritants et extrêmement polluants pour les eaux, ainsi que de la graisse soit d’origine animale (porc et bœuf), végétale (huile de palme et de palmiste en tête de liste), minérale (l’huile de paraffine, beaucoup moins chère qu’une huile végétale*) ou synthétique. L’ensemble est chauffé à haute température et pendant la cuisson la glycérine, qui est un agent hydratant, est séparée du savon lors de sa fabrication, soit pour la revendre, soit pour une utilisation autre. C’est cette « recette » qui a rendu le savon si impopulaire, trop dosée en tensio-actifs irritants, en colorants, sans agent hydratant…Tout ça pour une économie d’échelle.
Pour lutter contre cette industrie à la logique purement financière, des artisan.e.s se sont mobilisé.e.s dans les années 2000 pour faire renaître le principe d’un savon naturel, respectueux de l’environnement et de la peau, via le retour à un procédé de fabrication plus doux, sur un temps long, la saponification à froid.
Qu’est-ce que la saponification à froid ou SAF pour les intimes ?
Fini le savon à la graisse animale et aux ingrédients dérivés du pétrole, retour au naturel et au temps long !
La saponification à froid s’effectue par mélange à très basse température (moins de 30 degrés) de corps gras (huiles et beurres), de lessive de soude (hydroxyde de sodium) et d’eau. C’est la première grande différence : les ingrédients sont respectés et leurs actifs préservés par une cuisson tiède. On obtient ainsi une préparation avec du savon et de la glycérine issue directement de la saponification. Glycérine qui, on le rappelle est un agent hydratant pour la peau.
Après cette première étape de cuisson douce, on ajoute au gré des envies mais surtout des actifs d’autres ingrédients qui viennent compléter la formule de base : huiles essentielles, lait végétal ou animal, argiles, huiles végétales…Ce sont ces dernières, ajoutées hors cuisson, qui confère la qualité de surgras à un savon. La notion de surgras doit être indiquée en pourcentage sur le savon. C’est un gage de qualité et de bien-être pour votre peau.
Enfin, la préparation est mise en moule où elle repose pendant 24 heures. La préparation solidifiée est ensuite découpée en pains qui sécheront 4 à 8 semaines. C’est le temps de cure, nécessaire pour que la saponification à froid termine son processus et pour que le savon soit totalement sec.
Si on choisit un savon surgras, certifié bio et respectant la tradition de la saponification à froid, le résultat est sans équivoque : la peau est adoucie, les problèmes liés aux ingrédients industriels s’atténuent (eczéma, psoriasis, peau très sèche sur les coudes, les genoux etc…). De la magie ? Non, juste un retour au naturel avec des ingrédients sains qui, s’ils ne sont pas miraculeux, ne détruisent pas la flore de la peau et lui apportent au contraire des principes actifs doux et protecteurs. Sans oublier le respect de l’environnement avec un cosmétique 100% biodégradable, sans plastique et sans pollution des terres et des eaux.
Il faut cependant veiller à faire attention aux ingrédients car s’ils sont naturels, leur utilisation dépend beaucoup de votre type de peau, à la zone visée et à ses particularités. La présence des huiles essentielles par exemple peut déclencher une réaction allergique et elle en interdit l’utilisation pour les bébés, les jeunes enfants, les femmes enceintes et/ou allaitantes, un savon à l’huile de macadamia présente un danger pour les personnes allergiques aux fruits à coques, etc…
Est-il possible de se laver le visage avec un savon ?
Il est tout à fait envisageable de se laver le visage au savon certifié BIO et SAF. Encore une fois, il n’est pas possible d’édicter une règle car toutes les peaux sont différentes et réagissent de manière différente. De plus, il faut apprécier le lavage à l’eau, ce qui n’est pas partagé par toutes et tous.
Pour les peaux les moins difficiles, tout savon sera bon à prendre ! Vous avez le choix des parfums, des sensations…Tout vous est permis.
Pour les peaux à tendance grasse, on se dirigera vers des savons avec des actifs purifiants, comme le Charbon (Detox Emoi de Louise Emoi, L’Emir de Clémence & Vivien), l’huile essentielle de Niaouli (Niaouli ni bouton de Louise Emoi), de Lavande (Savon Terre Lavande des Paysans Savonniers, qui associe la lavande à l’Argile, Un Air de Provence de La Savonnerie Bourbonnaise) ou encore de Tea Tree (La Détente Bleue de La Savonnerie Bourbonnaise).
Les peaux réactives, sensibles ou atopiques privilégieront un savon sans huile essentielle, avec de l’Aloé Vera (Nectar d’Aloe de Louise Emoi), des laits végétaux ou animaux (Bulle de Douceur de La Savonnerie de Marcel, Chèvrissime de Louise Emoi) ou encore avec de l’huile de Calendula (Savon au Calendula des Paysans Savonniers, Aux Petits Soins de La Savonnerie de Marcel). Attention, au moindre signe de réaction, on arrête l’utilisation sur la zone visage.
Les peaux sèches et matures apprécieront des savons riches avec de l’huile de Macadamia (Forêt Enchantée de Louise Emoi), du Miel (Gourmandise de Miel de Louise Emoi) ou de l’huile d’Argan (Le Plus Doux de Bioflore).
Le corps, chasse gardée du savon
Pour le corps, tout est possible en fonction une fois de plus de votre type de peau et de vos problématiques. Il existe notamment des savons exfoliants, qui font office de gommage, comme L’Exfoliant de La Savonnerie Bourbonnaise, avec des graines de pavot et de la semoule de blé, Le Gecko de Clémence et Vivien, également avec des graines de pavot, aux huiles essentielles de citron et de romarin ou encore Poussière d’Immortelle de Louise Emoi, dans lequel les fleurs d’immortelle font office d’agent exfoliant, pour le plus doux des gommages.
Pour celleux qui ont la peau très sèche, tentez l’expérience d’un savon surgras. Il se peut que ce soit l’utilisation d’un gel douche ou d’un savon industriel qui ait asséché votre peau, rendant l’utilisation d’un lait corporel indispensable pour maintenir un bon taux d’hydratation. Vous allez sans doute être agréablement surpris (et faire des économies).
Vous pouvez aussi tenter le lavage de vos cheveux avec votre savon, cela fonctionne chez certain.e.s. Mais si votre tignasse n’apprécie pas, vous pouvez vous diriger vers un savon-shampoing plus conforme à la nature de vos cheveux, comme le Shampoing Solide des Paysans Savonniers pour les cheveux secs et/ou avec un cuir chevelu sensible ou Le Petit Coco de la Savonnerie de Marcel, aux œufs et à la bière pour les cheveux normaux.
Pour le rasage? Un savon! L’option végane avec le Savon de Rasage des Paysans Savonniers à l'argile blanche et au calendula ou l’option avec au lait d’ânesse chez La Savonnerie Bourbonnaise. La mousse du savon permet un rasage confortable et les huiles protègent la peau, notamment grâce à leurs actifs calmants et apaisants, parfaites pour lutter contre le feu du rasoir.
C’est d’ailleurs le moment pour vous annoncer une bonne nouvelle : un savon naturel MOUSSE. Même sans tensio-actif, un savon produit de la mousse. Mais savez-vous à quoi sert la mousse? A rien. C’est juste un indicateur qui a été accentué dans les années 70 pour visualiser le nettoyant sur la peau, notamment avec les tensio-actifs. Et depuis, la mousse est devenue psychologiquement indissociable du bon lavage, à tel point qu’on a sans cesse ajouté des ingrédients chimiques uniquement pour que le cosmétique mousse, même si ceux-ci se sont avérés nocifs pour la peau et l’environnement ! Si ça ne mousse pas, ça ne lave pas est un adage erroné contre lequel il faut ardemment lutter.
Focus sur la toilette intime féminine
Il est à noter que peu de savons conviennent pour la toilette intime. Un nettoyage à l’eau, sans savon, et à la main de la zone vulvaire peut suffire, à condition qu’il soit consciencieux et régulier. C’est du moins beaucoup plus conseillé que d’abîmer la flore vaginale avec un savon non adapté. Un savon pour la toilette intime devrait ainsi respecter un taux de PH de 4.8 en moyenne, pour ne prendre aucun risque, et ne devrait pas contenir d’huile essentielle. Si vous n'êtes pas sûr.e de votre cosmétique, demandez l’avis d’un spécialiste.
Rappelons que le vagin (la partie interne, la muqueuse) s’entretient seul, grâce à la flore vaginale et qu’en aucun cas il faut le laver, sous peine de détruire les bonnes bactéries et de déclencher des infections. Pour mieux l’illustrer, le PH est de 4.5 dans le vagin alors que l’eau présente un PH de 7. Laissez faire le microbiote vaginal, c’est son travail et il le fait à merveille. Et si jamais un souci se présente, consultez votre médecin ou votre gynécologue.
Sources :
En 2008, un kilo d’huile de paraffine coûtait 1.00€ alors qu’un kilo d’huile d’olive bio coûtait 12.00€. (Source : STIENS, Rita, La Vérité sur les Cosmétiques Naturels, 2008, Ed. Leducs Pratiques, P. 152)
La saponification à froid expliqué par Louise Emoi
Quel savon pour se laver au naturel? (Ecoconso)
Toilette intime: ce que recommandent les médecins (L'Express)
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